dimanche 16 mai 2021

Cyprien

D'est en ouest, et du nord au sud, Cyprien cherchait sa vérité. Il accumulait les rencontres, espérant un déclic dans cette existence peu chic... Faut dire que la cigogne l'avait livré au mauvais endroit : père alcoolique, mère dépressive, tous deux abonnés aux carences affectives... De claques gratuites en placements en foyer, son enfance puis sa vie d'adulte furent un véritable labyrinthe émotionnel. S'y repérer n'était pas chose simple, le fil d'Ariane de sa mémoire s'emmêlant le plus souvent dans les brèches de sa psyché... Il avait bien songé à s'envoler tel Icare, quitte à se brûler les ailes... Hélas, ce drôle d'oiseau ne savait pas voler.

Il errait donc à la recherche d'une porte de sortie. La clé s'appelait Amour croyait-il... Ça avait marché avec d'autres, pourquoi pas avec lui?? Il croisait des ombres, et s'attachaient à leurs pas, leur parlait, espérant une réponse... Parfois les ombres finissaient par prendre corps et entamaient le dialogue. Et même parfois, Cyprien crût trouver sa clé... Illusions...

Il restait prisonnier de ce maudit labyrinthe, semblait-il pour l'Éternité... Dans des accès de fureur, il cognait, hurlait contre les murs... Rien n'y faisait... Et il pleurait des torrents de larmes, souhaitant trouver grâce auprès d'un quelconque créateur qui, se disait-il, l'aurait peut-être placé là... S'il existait, ce créateur était décidément bien cruel...

Jusqu'au jour où Cyprien s'aperçut par hasard au détour de ses pérégrinations dans le labyrinthe une petite lumière... Il décida de s'orienter par rapport à elle. Et il la poursuivit longtemps, très longtemps, sans hélas parvenir à l'atteindre... Il mourut d'épuisement. Dans le noir et sans espoir...

Mais survint un évènement très étrange, après sa mort, visiblement, Cyprien eut droit de revivre... il se réveilla donc, et tout semblait différent : les murs n'étaient plus aussi oppressants, et surtout, il y avait de la lumière... Les ombres n'en étaient plus... Il y voyait clair, et se mit à pleurer...

La foire aux suppliciés

Ce monde est la foire aux suppliciés... Les infirmités quotidiennes de nos coeurs absents peuvent irriter la populace, c'est ainsi et pas autrement... Rêver est devenu un luxe, avancer dans la nuit noire les pieds dans la mouise est devenu normal... On pensait ça réservé aux troufions en temps de guerre. Hélas non...

Du sans-grade au général en chef, tout le monde y est... Certes, les généraux moins que les Tartempions de base... Ces derniers se réfugient parfois dans la religion... Savent-ils que les institutions religieuses sont des abattoirs à illusions? Des équarisseurs d'idéaux y sévissent... Et le Tartempion dans tout ça?? Il devient fou, bredin, cinglé, psychotique.... "Tu aimeras ton prochain" devient "tu tueras ton prochain", surtout s'il n'est pas comme toi, à ton image, de Dieu sans croyances... Amen, amène le flouze. Comptons les billets et les morts, ça occupe... En attendant la fin...


dimanche 28 mars 2021

J'ai parfois envie d'arrêter de participer à ce désastre culturel nommé Facebook. Colportage de fausses rumeurs et de fausses informations, manque d'intérêt pour la culture générale, mise en valeur d'un narcissisme exacerbé voire limite nauséabond sont le quotidien de ce réseau social... Sans parler des "débats" stériles avec des gens qui vous insultent sans vous connaître...

Clichés, me direz-vous? Une réalité... Hélas !!!

samedi 28 mars 2020

Johnny Bouffort

1956. Johnny Bouffort était détective privé à Los Muertos, ville américaine quasi-frontalière avec le Mexique. L'un des meilleurs dans son genre mais, hélas pour lui, devancé le plus souvent par Tony Horseneck. Depuis que ce dernier avait réussi à photographier l'ancien maire de Los Muertos dans son petit nid d'amour avec sa maîtresse et donc presque donné les clés de la municipalité à Henry Hebert, un conservateur bon teint, anti-chicanos et fervent chrétien, les affaires de Johnny marchaient nettement moins.
Il avait pourtant beaucoup de divorces à son actif (une broutille pour lui) et avait même souvent montré plus d'efficacité que la flicaille locale dans les affaires de disparition. Tout cela était du passé. Il fumait cigarettes sur cigarettes dans son petit bureau discret sur Elmer Street et n'attendait rien de spécial ce jour-là...
Il entendit soudainement quelqu'un qui frappait à la porte. Surpris, et craignant que ce soit l'inspecteur des impôts locaux, il fît le mort un instant... Puis devant l'insistance des coups sur sa porte, il vînt ouvrir. Il trouva une religieuse d'une quarantaine d'années. Elle avait une enquête pour lui... Lui qui n'y croyait plus !
Elle s'appelait Minnie Meaning et désirait retrouver son frère, Teddy, qui avait disparu depuis quelques jours. Ce nom disait quelque chose au détective et il se rappela que c'était un conseiller municipal très influent...Minnie avait choisi Johnny car elle ne voulait pas d'Horseneck sur cette affaire, il était trop lié au maire actuel, ce "gros porc" comme elle l'appelait...
Johnny Bouffort voulut en savoir plus. Elle lui raconta sa dernière conversation avec son frère. Il était désormais convaincu que Hebert était corrompu jusqu'à la moëlle et s'apprêtait à faire des révélations fracassantes. Elle avait voulu en savoir plus mais Teddy n'avait pas voulu l'impliquer là-dedans... Donc le détective devait retrouver Teddy Meaning et le protéger, sa soeur pensant qu'il était caché pour éviter les gros bras du maire...
Cette affaire pouvait complètement relancer la carrière de Johnny, il accepta donc volontiers (et en plus, la soeur payait bien).
Comment faire pour retrouver le personnage? Il posa quelques questions, bien entendu, à Minnie sur les habitudes de son frère, les personnes de confiance et les personnes dont il fallait se méfier. Elle lui demanda évidemment la plus grande discrétion. Il acquiesça, sûr de son fait !
Aussitôt Minnie sortie de son bureau, Johnny se rendit au domicile de Meaning, un petit appartement sur Iguana Street. Il ouvrit la porte avec une technique dont il avait le secret et trouva un bazar innommable. Visiblement, quelqu'un était déjà passé ici et avait fouillé recoin par recoin. Tout ça corroborait les dires de Minnie, ce qui n'était guère rassurant pour Teddy Meaning... Où pouvait-il être? Soit il était bien planqué quelque part, soit il était coulé dans le béton dans un de ces bâtiments en construction à Los Muertos...
Johnny décida de surveiller un petit bar où Teddy avait ses quartiers quasiment. Il entra dans l'établissement, il but un whisky-cola au comptoir sans poser de questions (il fallait être discret), mais observant du coin de l'oeil tous les faits et gestes. Et il remarqua que le barman avait l'air nerveux, et scrutait régulièrement une porte vers le fond. Peut-être Teddy était-il ici? Ça aurait été trop beau pour lui.... Il paya sa consommation et fit semblant de s'en aller. Le détective restait subtilement dans le secteur sans se faire remarquer pour observer les entrées et sorties du bar. Rien de très probant jusqu'à la fermeture du rade à 23h00. Il eut une sacrée surprise à ce moment-là...
Henry Hebert et Tony Horseneck rentraient ensemble dans le bar... Johnny comprit qu'il devait agir vite, ce n'était qu'une question de minutes... Il fonça, il y avait un sbire de Hebert devant la façade, il lui cassa proprement la figure... Et pénétra dans l'établissement où se tramait quelque chose de pas vraiment chrétien... En effet, il vit Horseneck en train de tabasser Meaning pour lui faire avouer où il cachait les preuves de la malhonnêteté de Hebert... Johnny menaça tout ce sale petit monde de son flingue. Horseneck, surpris de voir Bouffort en ce lieu, arrêta immédiatement de tabasser Teddy Meaning. Le gros Hebert était bien surpris également. Meaning, heureux de l'aubaine, s'enfuit vers la porte, ne prêtant pas attention à son sauveur... Johnny lui emboîta le pas, essayant de le rattraper... Horseneck se mit à les poursuivre, et grand et balèze comme il était, ça allait être un jeu d'enfant pour lui.... Dans les ruelles sombres de Los Muertos s'engagea une course poursuite assez bizarre : Tony Horseneck poursuivait Johnny Bouffort qui poursuivait Teddy Meaning. Mais l'enjeu était de taille ! Cette brute de Tony sortit son flingue et se mît à tirer... Par miracle, Johnny ne fût pas touché, mais malheureusement Teddy Meaning fût atteint. Johnny tira une balle dans le pied de son rival de toujours et en profita pour ramasser Meaning, et il l'emmena à sa voiture qu'il pût, pour une fois, faire démarrer en flèche. Le blessé perdait beaucoup de sang. Et avant que Johnny n'ait pu l'amener chez un médecin de ses connaissances, le pauvre Meaning demanda au détective de s'arrêter. Ce qu'il fit.... Avant de rendre son dernier soupir, il révéla à Johnny où étaient les preuves de la corruption du maire et lui demanda de tout balancer à la presse. Pris de compassion pour cet homme qui avait laissé sa vie pour plus de justice, Johnny accepta. Et Meaning mourût dans sa voiture...
Retrouver les preuves fût compliqué pour Johnny car, même si les indications étaient très précises, les hommes de Hebert le cherchaient... Les clichés montrant le maire avec un célèbre baron de la drogue mexicain étaient planqués dans le cimetière, dans le caveau familial des Meaning... Il put y accéder grâce à sa patience et récupérer l'oeuvre du défunt Teddy.
Restait à diffuser l'information... Les journalistes locaux étaient à la botte du maire, et la police idem. Il connaissait bien un reporter freelance mais comment le contacter? Il n'avait, bien sûr, plus accès à son bureau, il était recherché pour le "meurtre de Meaning". Comment faire? Impossible !
Il eut une idée de génie, son beau-frère était imprimeur, et fiable surtout (ce dernier détestait Hebert). Il se rendît discrètement, autant que possible, chez ce fameux beau-frère et ils préparèrent des affiches avec la photo en gros plan du maire et du chef de la police locale en pleine conversation amicale avec El Loco, célèbre trafiquant de drogue...
Ils accomplirent leur tâche et diffusèrent les affiches sur tous les murs de la ville, prenant les habitant de Los Muertos à témoins. Ce qui fonctionna au petit matin... Le maire, pris au dépourvu, se tira une balle dans la tête. Et le chef de la police fût arrêté par le FBI... Meaning n'était pas mort en vain...
C'est après que Johnny fît sa réapparition, et il fût vite blanchi par les nouvelles autorités. La soeur de Meaning vint voir Johnny qui, à la grande surprise de celle-ci, refusa tout argent de sa part... Il avait échoué à sauver Teddy, ce qui le poursuivrait toute sa vie... Mais ce qu'il ignorait, c'est que l'esprit de justice de Teddy vivait en lui... 

lundi 23 octobre 2017

Pensées matinales d'un fainéant

Dans un gigantesque élan de courage, je me décide à écrire ce matin. En effet, je suis ce qu'on appelle un "fainéant", une "feignasse". Il paraîtrait que ces mots relèvent du langage soutenu (selon notre Président), je trouve, quand à moi, qu'ils sont l'exemple d'une vulgarité crasseuse.
Le nouveau Maître de la République est l'exemple même de l'arrivisme & de la pensée unique qui pourrissent notre démocratie. Il s'est fait élire sur des promesses "ni de gauche ni de droite", ce qui est une vaste escroquerie intellectuelle, selon moi. Il est surtout de droite, il suffit de regarder les actes. Supprimer l'ISF, les taxes sur le luxe, mais augmenter la CSG ou les contraintes de travail (par ordonnances, bonjour la démocratie!) pour les moins aisés d'entre nous.
Le libéralisme économique se résume en cette phrase que j'ai dû lire dans Charlie Hebdo au début des années 2000 (quand ce journal était encore drôle & impertinent) : "Le libéralisme économique, c'est la liberté pour les riches & des contraintes pour les pauvres"... Pourquoi ces derniers se plaindraient des miettes que les premiers veulent bien leur laisser? Ils ont toutes les raisons du monde de se plaindre. Depuis des décennies, le patronat rêve de défaire les avancées sociales créées à la Libération en 1945. Ces gens-là n'abandonnent jamais, c'est ce qu'on appelle la lutte des classes. & donc pourquoi le néo-prolétariat abandonnerait la lutte? Sous couvert de "modernité"? Si la modernité consiste à revenir au XIXème siècle, je suis un rétrograde de première catégorie !!! 
La fraude sociale reviendrait à 60 millions d'euros (oh les vilains pauvres!!), mais on oublie de signaler (merci qui? les journalistes dont les médias appartiennent le plus souvent à des milliardaires) que la fraude fiscale revient en manque à gagner pour l'état à 60 MILLIARDS d'euros (oh les pauvres riches contraints à l'exil en Suisse ou autre paradis fiscal!!). Elle est où l'injustice? Franchement?
Les acquis sociaux sont le fruit de luttes, de combats où certains y ont laissé des plumes voire la vie, certes ce n'est pas forcément le meilleur argument, mais il faut y penser. Le meilleur argument, c'est souhaiter le meilleur pour notre avenir, c'est-à-dire un pays où les gens peuvent se soigner, peuvent se nourrir. Pour cela, il faut lutter, encore & toujours. Le pire (une "angleterrisation" ou une "allémanisation" de notre pays) n'est pas forcément inéluctable

samedi 16 septembre 2017

Burn-out

Je voudrais écrire ici sur un documentaire vu à l'instant sur la chaîne LCP à propos du burn-out.
Ce documentaire était très intéressant, décrivant les mécanismes psychologiques, sociaux, et juridiques de ce problème. Mais selon moi, il n'a fait que survoler la cause : le néo-libéralisme.
Cette posture du marché tout-puissant conduit aux pires extrémités. Le management dans les entreprises est pressurisé par ce conditionnement fanatique de la rentabilité à tout prix. L'environnement au travail s'en ressent forcément. Les employés sont considérés comme des pions ou des numéros (ils coûtent tant/ ils rapportent tant) que le patronat peut manipuler à sa guise, tant professionnellement que psychologiquement.
En cette période de "crise économique", le travail est considéré plus que jamais comme facteur d'intégration à la société. La peur d'être "désintégré" socialement fait tenir tout ce système. Et l'on accepte tout, même l'inacceptable. Du moment que l'on garde son emploi.
Ce phénomène touche les simples employés comme les cadres. C'est une logique quasi-militaire qui prévaut. "Obéis ou c'est la cour martiale (les prudhommes)". C'est un véritable fascisme social.
Certes, il a été envisagé de reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle. Ce qui permettrait une meilleure prise en charge de cette pathologie handicapante. Mais je voudrais poser ici une question. L'état a-t-il vocation à être un pansement de cette plaie qu'est le néo-libéralisme, ou le vaccin? Je veux signifier que reconnaître la maladie est une chose, et pouvoir soigner les malades est forcément positif. Mais ne vaut-il pas mieux agir en amont? Refuser cette logique mortifère? La solution est forcément politique et passe donc par l'état. Il s'agit de refondre notre modèle de société actuelle, c'est une question importante.

dimanche 3 septembre 2017

La rentrée

Aujourd'hui, c'est la rentrée. Jour tant attendu par certains, tant craint par d'autres. Il va y avoir des cris de joie, ainsi que des pleurs. Les petits monstres vont devoir de nouveau se mettre au garde-à-vous devant les maîtres et les maîtresses. Marche au pas à l'école, marche au pas ensuite à l'armée ou à l'entreprise... Ainsi fonctionne la société, me direz-vous, et vous n'avez pas tort. J'ai longtemps marché au pas moi-même, étant obéissant et bien discipliné. Jusqu'à la déraison... Le dérèglement de ma personne...
Je ne travaille plus, je suis dans la dèche la plus totale, mais je me sens heureux malgré tout, car je n'ai plus cette obligation de me lever chaque matin, tel un petit soldat du capitalisme triomphant. J'en paie le prix, je n'ai plus le confort matériel d'autrefois, mais cela importe peu. Seule compte cette liberté acquise au forceps, sans doute éphémère telle un papillon car les démons de la réalité finiront par me rattraper. J'en profite pour l'instant présent, et si tous les petits soldats en faisaient de même, le système s'écroulerait faute de combattants. Cette guerre économique absurde, ce massacre prendrait fin...
Je sais que je suis utopiste, mais à quoi bon s'enfermer dans des délires consuméristes sans autre passion que d'avoir le même téléviseur que son voisin, ou une plus belle voiture? Rêvons, camarades !!! Rêvons...